Dimanche 31 juillet 2016
De la fenêtre ouverte je vois la mer, à l'horizon, au-delà des pins et des toits d'ardoise.
Ce n'est pas mon pays et ce n'est pas "ma" mer ; je suis un exilé, privé de mes montagnes vallonnées à l'infini, privé de l'eau bleue de la méditerrannée, orphelin des Pyrénées, du Massif Central, des hivers froids et de la neige accrochée aux pentes des forêts de hêtres et de sapins.
Je reste là, devant un paysage qui ne m'appartient pas à revivre le vide qui nous a saisi depuis la fin de l'année 2014 et ce procès injuste qui a balayé d'un coup d'histoire tout ce qui portait mon envie d'être "serviteur" et disponible à l'autre quel qu'il soit.
Des années de travaux et d'amour pour l'étranger, cette belle maison aménagée avec de la peine et de la sueur pour qu'elle soit accueillante et chaleureuse, que nos invités s'y sentent "comme chez eux", comme dans une grande famille...
Cette maison est maintenant perdue, dans le lointain de souvenirs qui s'échappent chaque jour un peu plus, et avec eux toutes celles et ceux que nous y avons croisés en famille, autour de notre grande table, pour partager un repas du soir, un petit déjeuner, un instant d'échange, de consolation, d'espérance.
Et puis nous sommes dimanche et j'ouvre sans le vouloir vraiment le livre des lectures de l'office du jour et je tombe sur cette première lecture :
Livre de l'Ecclésiaste 1,2.2,21-23.
Vanité des vanités disait Qohèleth. Vanité des vanités, tout est vanité !
Un homme s’est donné de la peine ; il est avisé, il s’y connaissait, il a réussi. Et voilà qu’il doit laisser son bien à quelqu’un qui ne s’est donné aucune peine. Cela aussi n’est que vanité, c’est un grand mal !
En effet, que reste-t-il à l’homme de toute la peine et de tous les calculs pour lesquels il se fatigue sous le soleil ?
Tous ses jours sont autant de souffrances, ses occupations sont autant de tourments : même la nuit, son cœur n’a pas de repos.
Cela aussi n’est que vanité.
Je suis troublé par ce texte prophétique, vanité !
Tout ce que nous avons bâti à Saint-Privat d'Allier et dont ma mémoire voudrait tirer gloire, n'est-ce pas Dieu qui l'a construit pour nous et surtout à travers nous pour servir Sa Gloire ?
Ces dix années de joie immense dans le partage et le don ne les devons-nous pas à Lui seul, qui nous a guidé vers ce lieu en 2003, nous a permis de construire, d'aménager, de recevoir autant d'âmes en recherche, d'être pour toutes et tous des témoins engagés de Sa bonté et de Sa présence sur ce Chemin vers Saint-Jacques en Espagne ?
Ne suis-je pas aussi dans cette vanité dont parle le prophète que de croire que tout cela est le fruit de "mon" oeuvre alors que mille fois pendant ses dix années, la présence de notre Seigneur à nos côtés nous a portés et guidés par sa Lumière...?
Et si nous avions failli en chemin et nous étions laissés emporter loin de Ses voies, notre gloire illusoire n'aurait-elle pas été qu'idolâtrie des biens de ce monde ?
Dans sa lettre aux Colossiens (deuxième lecture du jour) Saint Paul Apôtre me donne la clef :
Lettre de saint Paul Apôtre aux Colossiens 3,1-5.9-11.
Frères, si vous êtes ressuscités avec le Christ, recherchez les réalités d’en haut : c’est là qu’est le Christ, assis à la droite de Dieu.
Pensez aux réalités d’en haut, non à celles de la terre.
En effet, vous êtes passés par la mort, et votre vie reste cachée avec le Christ en Dieu.
Quand paraîtra le Christ, votre vie, alors vous aussi, vous paraîtrez avec lui dans la gloire.
Faites donc mourir en vous ce qui n’appartient qu’à la terre : débauche, impureté, passion, désir mauvais, et cette soif de posséder, qui est une idolâtrie.
L'évangéliste nous dit en parlant de Marie mère de Jésus, "Elle gardait toutes ses choses en son coeur"...
Ce n'est pas mon pays et ce n'est pas "ma" mer ; je suis un exilé, privé de mes montagnes vallonnées à l'infini, privé de l'eau bleue de la méditerrannée, orphelin des Pyrénées, du Massif Central, des hivers froids et de la neige accrochée aux pentes des forêts de hêtres et de sapins.
Je reste là, devant un paysage qui ne m'appartient pas à revivre le vide qui nous a saisi depuis la fin de l'année 2014 et ce procès injuste qui a balayé d'un coup d'histoire tout ce qui portait mon envie d'être "serviteur" et disponible à l'autre quel qu'il soit.
Des années de travaux et d'amour pour l'étranger, cette belle maison aménagée avec de la peine et de la sueur pour qu'elle soit accueillante et chaleureuse, que nos invités s'y sentent "comme chez eux", comme dans une grande famille...
Cette maison est maintenant perdue, dans le lointain de souvenirs qui s'échappent chaque jour un peu plus, et avec eux toutes celles et ceux que nous y avons croisés en famille, autour de notre grande table, pour partager un repas du soir, un petit déjeuner, un instant d'échange, de consolation, d'espérance.
Et puis nous sommes dimanche et j'ouvre sans le vouloir vraiment le livre des lectures de l'office du jour et je tombe sur cette première lecture :
Livre de l'Ecclésiaste 1,2.2,21-23.
Vanité des vanités disait Qohèleth. Vanité des vanités, tout est vanité !
Un homme s’est donné de la peine ; il est avisé, il s’y connaissait, il a réussi. Et voilà qu’il doit laisser son bien à quelqu’un qui ne s’est donné aucune peine. Cela aussi n’est que vanité, c’est un grand mal !
En effet, que reste-t-il à l’homme de toute la peine et de tous les calculs pour lesquels il se fatigue sous le soleil ?
Tous ses jours sont autant de souffrances, ses occupations sont autant de tourments : même la nuit, son cœur n’a pas de repos.
Cela aussi n’est que vanité.
Je suis troublé par ce texte prophétique, vanité !
Tout ce que nous avons bâti à Saint-Privat d'Allier et dont ma mémoire voudrait tirer gloire, n'est-ce pas Dieu qui l'a construit pour nous et surtout à travers nous pour servir Sa Gloire ?
Ces dix années de joie immense dans le partage et le don ne les devons-nous pas à Lui seul, qui nous a guidé vers ce lieu en 2003, nous a permis de construire, d'aménager, de recevoir autant d'âmes en recherche, d'être pour toutes et tous des témoins engagés de Sa bonté et de Sa présence sur ce Chemin vers Saint-Jacques en Espagne ?
Ne suis-je pas aussi dans cette vanité dont parle le prophète que de croire que tout cela est le fruit de "mon" oeuvre alors que mille fois pendant ses dix années, la présence de notre Seigneur à nos côtés nous a portés et guidés par sa Lumière...?
Et si nous avions failli en chemin et nous étions laissés emporter loin de Ses voies, notre gloire illusoire n'aurait-elle pas été qu'idolâtrie des biens de ce monde ?
Dans sa lettre aux Colossiens (deuxième lecture du jour) Saint Paul Apôtre me donne la clef :
Lettre de saint Paul Apôtre aux Colossiens 3,1-5.9-11.
Frères, si vous êtes ressuscités avec le Christ, recherchez les réalités d’en haut : c’est là qu’est le Christ, assis à la droite de Dieu.
Pensez aux réalités d’en haut, non à celles de la terre.
En effet, vous êtes passés par la mort, et votre vie reste cachée avec le Christ en Dieu.
Quand paraîtra le Christ, votre vie, alors vous aussi, vous paraîtrez avec lui dans la gloire.
Faites donc mourir en vous ce qui n’appartient qu’à la terre : débauche, impureté, passion, désir mauvais, et cette soif de posséder, qui est une idolâtrie.
L'évangéliste nous dit en parlant de Marie mère de Jésus, "Elle gardait toutes ses choses en son coeur"...
Etre riche en vue de Dieu
Je dois reconnaître cette leçon, le passé de nos dix années d'accueil est le passé et je dois me réjouir de tout ce qu'il a représenté pour les milliers de pèlerins accueillis dans notre maison pour la gloire de Dieu ! Je dois aussi comprendre que le chemin de Saint Jacques fut un moment de ma vie (de notre vie de famille) consacré au service du créateur, ensemble, Marie, notre fils Thibault et moi, dans cette tâche immense et dévouée et que ce temps est révolu !
Il ne fait nul doute que Jésus nous attend ailleurs, peut-être dans cette terre d'exil où je rêve aujourd'hui ou dans un autre lieu, pour une autre tâche !
Rien ne presse, quand l'heure sera venue Il sera là et nous saurons le voir...
Saint Basile commentant l'Evangile du jour (saint Luc 12,13-21) nous dit :
« Que vais-je faire ? » Il y avait une réponse toute prête : « Je comblerai les âmes des affamés ; j'ouvrirai mes greniers et j'inviterai tous ceux qui sont dans le besoin… Je ferai entendre une parole généreuse : Vous tous qui manquez de pain, venez à moi, prenez votre part des dons accordés par Dieu, chacun ce qu'il lui faut. »
Cet exil je dois le vivre comme un don de Dieu, pour permettre à l'âme de se ressourcer, de reprendre ses forces et d'être à nouveau disponible pour le servir lorsque le temps sera venu...
Et que le temps présent est aussi là pour redonner son sens à notre petite famille, nous trois réunis pour marcher ensemble vers Sa Lumière...
C'est ainsi que je veux terminer cette première lettre de mon exil...
Il y en aura d'autres car le Chemin est long pour le pardon et l'oubli mais l'important réside dans la volonté de suivre cette voie dans la main de Dieu.
A bientôt mes ami(e)s du grand Chemin des étoiles infinies.
Jean-Marc LUCIEN
Il ne fait nul doute que Jésus nous attend ailleurs, peut-être dans cette terre d'exil où je rêve aujourd'hui ou dans un autre lieu, pour une autre tâche !
Rien ne presse, quand l'heure sera venue Il sera là et nous saurons le voir...
Saint Basile commentant l'Evangile du jour (saint Luc 12,13-21) nous dit :
« Que vais-je faire ? » Il y avait une réponse toute prête : « Je comblerai les âmes des affamés ; j'ouvrirai mes greniers et j'inviterai tous ceux qui sont dans le besoin… Je ferai entendre une parole généreuse : Vous tous qui manquez de pain, venez à moi, prenez votre part des dons accordés par Dieu, chacun ce qu'il lui faut. »
Cet exil je dois le vivre comme un don de Dieu, pour permettre à l'âme de se ressourcer, de reprendre ses forces et d'être à nouveau disponible pour le servir lorsque le temps sera venu...
Et que le temps présent est aussi là pour redonner son sens à notre petite famille, nous trois réunis pour marcher ensemble vers Sa Lumière...
C'est ainsi que je veux terminer cette première lettre de mon exil...
Il y en aura d'autres car le Chemin est long pour le pardon et l'oubli mais l'important réside dans la volonté de suivre cette voie dans la main de Dieu.
A bientôt mes ami(e)s du grand Chemin des étoiles infinies.
Jean-Marc LUCIEN